Monstre : du lat. monstrum (de monere «avertir, éclairer, inspirer»), terme du vocabulaire religieux «prodige qui avertit de la volonté des dieux», par suite «objet de caractère exceptionnel ; être de caractère surnaturel »


Amoureux de la sensualité de la chair et du métal entremêlés, j'explore l'anabolisme et le catabolisme de nos existences post-tout. La photographie, la peinture et la sculpture comme sorcellerie érotique industrielle.
Mon travail plastique est une exploration anatomique. Érotiser les corps jusque dans les plus extrêmes limites et rendre au monstre sa dimension première de prodige. La rouille comme métaphore de la rencontre entre l’inanimé et le vivant, l’instant où le métal se fait viande.
Mes recherches consistent en de longues errances en quête de buildings, de pièces de moteurs, de chaines, de carcasses  et d'écrans de TV abandonnés qui ne crachent plus que de la neige cosmique. Patient recueil des rebuts de nos vies adossées à la machine, organes amputés au système de production globale.

Je ramène de mes divagations des clichés froids et bouillonnants, les découpes d'un monde brutaliste dont les surfaces de tôle habillent un organisme de câbles. L’objectif comme scalpel pour disséquer la ville.
Champ d'expérimentations virtuellement illimité, mon travail photographique isole, désosse et recompose le flux des images qui me traversent. Je modèle les corps, le mien compris, à la brûlure de lumières électriques, pour en faire, le temps d'une rafale, des prodiges.
Le corps se tend, s'étend, se tord, se déstructure pour se recomposer. Le travail de post traitement pousse les outils numériques jusque dans leurs derniers retranchements, et tire de la machine une organicité.

Nourrie d’expressionnisme et d’une longue pratique du graffiti, ma peinture est une technique mixte mêlant diverses encres et des peintures acryliques travaillées au pinceau, au couteau, à l’aérographe et à la bombe. N’importe quel type de surface, toile, mur, verre, métal, peut faire l’objet d’apparitions. Giclées et coulures épousent les énergies et les fluides qu’exhalent les figures qui s’y révèlent.
Il s’agit aussi parfois de peindre sur des épreuves photographiques, emmenant la distorsion encore ailleurs. Dureté de lignes franches comme un nerf et volutes expirées par l’aérographe, ombre crachée et lumière soufflée, c’est avant tout le geste de mon corps dansant qui opère.

J'utilise pour mes sculptures un mélange d'organes métalliques -objets industriels orphelins- et de pâte polymère que je modèle et peins à l'aérographe. Fétiches de rituels discordants, jouets magiques et icônes érotiques.
J'opère en méditant devant ces pièces oxydées, jusqu'à ce que les esprits qui les habitent m'apparaissent en une Gestalt évidente et nécessaire. Les figures prennent forme à mesure que je leur donne chair, accueillant les accidents comme autant de mutations heureuses.

L’animisme le plus primitif s’adosse sur l’existence post-industrielle. L'ombilic de la civilisation, où début et fin s'entrelacent.

La corrosion transforme le métal en une chair qui palpite, s'entrouvre, aime et jouit.

Câbles et tuyaux comme autant de canaux où circulent sang, pétrole, sperme et cyprine.

Des dieux naissent dans le goudron, galaxie brillante de reflets de néons.

Ici, la Nuit ne tombe pas, elle se lève !

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